Ces dernières années, les réseaux sociaux ont pris une place prépondérante dans nos vies, en façonnant nos opinions, nos croyances et nos envies. Néanmoins, cet outil puissant a également fait naître un nouveau type de personnalités : les influenceurs. Ces derniers exercent une influence considérable sur leur audience, en mettant en avant des produits ou des idées moyennant une contrepartie financière.Mais qui se charge de contrôler ces influenceurs ? Qui s’assure qu’ils ne dupent pas leur audience, en faisant la promotion de produits ou d’idées nuisibles, ou en gagnant de l’argent aux dépens du public ?
Le gouvernement français a récemment mis au point une proposition de loi audacieuse entendant réguler l’activité des influenceurs sur les réseaux sociaux. Ce projet aura un impact conséquent sur les créateurs français et obligera les plateformes à mettre en place de nouveaux outils pour signaler les infractions. Cette démarche a déclenché un débat autour du rôle des influenceurs dans la société.
La situation en France avant cette loi
Avant l’élaboration de cette proposition de loi par le gouvernement, le métier d’influenceur était très peu encadré en France. Par exemple, l’utilisation d’un filtre, les retouches au niveau du visage ou du corps réalisées avec Photoshop ou les rémunérations pour la publication d’un contenu n’étaient soumises à aucune obligation de transparence. Si la France exige déjà de mettre en évidence tout contenu sponsorisé, cette loi obligera désormais à insérer cette information directement sur les photos et les vidéos, et plus uniquement dans la description du contenu. Jusqu’alors, aucune règle claire ne définissait le type et la forme des publicités autorisées (ou interdites). De plus, très peu de mesures étaient en place pour inciter les plateformes de réseaux sociaux à contrôler les publications des influenceurs en vue de détecter les potentielles infractions.
Ce manque d’encadrement a débouché sur un envol des contenus sponsorisés, prenant souvent la forme de soutiens authentiques, ainsi que sur une augmentation du nombre d’influenceurs préférant l’appât rapide du gain plutôt que la mise à disposition d’un contenu de qualité pour leur audience. Cette situation a miné la confiance du public dans les influenceurs présents sur les réseaux sociaux et a fait la part belle aux demandes de régulation.
Ce qui va changer
La nouvelle proposition de loi du gouvernement français vise à traiter certains de ces problèmes en imposant un cadre strict aux influenceurs sur les réseaux sociaux. Cette loi obligera tous les influenceurs à afficher une mention explicite sur leur contenu dans les cas suivants : utilisation d’un filtre, retouches au visage ou au corps ou publication sponsorisée. Les plateformes de réseaux sociaux devront mettre à disposition des consommateurs des mécanismes de signalement des contenus illicites. Les influenceurs ne respectant pas les nouvelles règles s’exposent à de lourdes conséquences : jusqu’à six mois d’emprisonnement et une amende de 300 000 €.
De plus, cette loi vise à soumettre les influenceurs aux mêmes règles que celles qui s’appliquent aux médias traditionnels, notamment en interdisant sur les réseaux sociaux la promotion de produits financiers, d’alcool, de tabac, etc. Il s’agit d’une avancée considérable : les créateurs de contenu sont désormais soumis aux mêmes exigences légales que les médias traditionnels. Ils deviennent ainsi responsables de leurs actions et ont une obligation de transparence et d’honnêteté dans leurs interactions avec le public.
Les répercussions de cette loi
Si la démarche mise en place par le gouvernement français pour réguler l’activité des influenceurs sur les réseaux sociaux est encensée par un grand nombre de personnes, elle suscite aussi la controverse. Ses détracteurs affirment qu’elle est beaucoup trop restrictive et pourrait étouffer la créativité et l’innovation dans ce secteur. Ils soulignent également que cette loi sera difficile à faire respecter étant donné que les plateformes de réseaux sociaux sont, par nature, décentralisées et qu’il est difficile de surveiller les publications des influenceurs.
Cette nouvelle loi obligera les plateformes de réseaux sociaux à mettre en place de nouveaux outils pour signaler les infractions, ce qui représente une démarche coûteuse et chronophage. La sécurité et le bien-être des utilisateurs étant du ressort de ces plateformes, celles-ci doivent donc protéger leur public contre les informations fausses ou trompeuses diffusées par les créateurs de contenu.
L’autre bémol est que la France pourrait se retrouver en décalage au niveau juridique avec d’autres pays. Si elle a décidé d’adopter une approche proactive de la régulation des influenceurs, d’autres pays comme les États-Unis ont des règles plus laxistes. Conséquence : les influenceurs français pourraient être désavantagés par des règles plus strictes par rapport à leurs homologues des autres pays, et engendrer une baisse de leurs revenus et de leur statut, voire décourager de nouveaux influenceurs de rejoindre ce secteur.
Cependant, il faut garder à l’esprit que la régulation des influenceurs est un sujet complexe qui doit faire l’objet d’une attention particulière. Bien que la réglementation française soit plus stricte que dans d’autres pays, elle vise à protéger le public des conséquences préjudiciables des réseaux sociaux. Il s’agit d’un objectif louable auquel il faut s’atteler avec précaution.
L’avenir de la régulation des influenceurs
La démarche mise en place par le gouvernement français en vue de réguler l’activité des influenceurs est le signe que la tendance va vers plus de contrôle des réseaux sociaux en général. L’influence croissante que les plateformes de réseaux sociaux exercent sur l’opinion publique commence à intéresser et mobiliser les gouvernements.
Aux États-Unis par exemple, la Commission fédérale du commerce (Federal Trade Commission, FTC) a mis en place de nouvelles mesures obligeant les influenceurs à afficher leurs partenariats avec des marques. Si cette décision va dans la bonne direction, elle reste cependant plus souple et moins poussée qu’en France.
À l’avenir, il faut s’attendre à ce que davantage de gouvernements encadrent l’activité des influenceurs et des plateformes de réseaux sociaux, ce qui aura pour effet une grande disparité entre les lois dans le monde, lesquelles seront plus ou moins strictes selon le pays.